Jean Vigo

Zéro de Conduite  (1933) de Jean Vigo. Initialement interdit en France, le film a ensuite été honoré par Truffaut dans « les 400 coups ». Mais pour quoi tant de haine?

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Finies les vacances. La veille de la rentrée ne tourmente pas trop Caussat et Bruel qui se retrouvent dans le train. Que c’est bon de fumer des cigares dans le compartiment « non fumeurs » ! Sur le quai de la gare, c’est moins drôle. Il fait nuit. Moment lugubre. Ils retrouvent Colin avec plaisir. Le surveillant Pète-Sec avec moins de plaisir. Bruel ne s’y trompe pas : « Regarde Monsieur Pète-Sec, on ne rigolera pas encore cette année. » Et si cette fin d’année réservait quelque surprise ? Première nuit au dortoir, déjà un puni. Premier matin, trois punis, toujours les mêmes, Bec-de-Gaz n’hésite pas : « Bruel, Caussat, Colin, zéro de conduite, consignés dimanche. » Pendant une récré, les trois préparent un complot. Le pion Huguet les laisse faire, il amuse la cour en imitant Charlot. La classe forme les rangs pour la sortie en ville. Huguet devance sa troupe. Il suit une femme qui sort de chez elle. La classe suit Huguet en courant. Mauvaise surprise : au coin d’une rue, la dame élégante est devenue un curé ! Les haricots volent bas au réfectoire. En classe, Tabard dit merde à son professeur. Ça barde. Le Principal exige des excuses. Tabard tient bon, réédite son exploit et répète merde à son professeur. Au dortoir, la révolte gronde. Tabard emmène tous les mutins. Une formidable bataille de polochons met le feu au dortoir. Tabard, Caussat, Bruel et Colin attachent Pète-Sec dans son lit. Le lendemain, jour de la fête de fin d’année, les quatre grimpent sur le toit du collège et s’évadent vers le ciel.

Récit d’une guerre d’indépendance ou d’une évasion qui met en scène l’indiscipline de collégiens face à des adultes absents sinon pervers, peu bienveillants et sans aucune autorité, Zéro de conduite est un film impertinent, révolté et insolent, à l’image de son jeune réalisateur. Imprégné par le souvenir de son père anarchiste, de ses années de collège et du journal qu’il y avait tenu, le film ne se réduit pas pour autant à une simple trace autobiographique. Il concentre toute la rébellion de son auteur contre les institutions sociales et cinématographiques. C’est également un film drôle, parcouru de séquences burlesques et fantaisistes, avec un extraordinaire parfum de liberté et d’anticonformisme. Jean Vigo nous emmène toujours là où on ne l’attend pas, bien loin de ce que l’on pourrait imaginer d’un film se déroulant dans un collège. Fourmillant de trouvailles, de pirouettes et de séquences jubilatoires – la bataille de polochon, le drapeau de pirates hissé sur le toit, la scène du train ou de la virée en ville – le film nous touche au plus profond de l’enfance.
Son utilisation des ralentis, de l’animation ou des trucages photographiques à la Méliès démontre une maîtrise absolue du cinéma, l’équilibre parfait entre réalisme et esthétisme. Jean Vigo, « cinéaste-cinéphile », semble avoir assimilé pleinement les courants qui l’ont précédé – pionniers du cinéma, burlesque, surréalisme, Expressionnisme allemand, … – tout en préfigurant les aspirations des générations suivantes et notamment de la Nouvelle Vague. Zéro de conduite a le charme poétique du cinéma muet et le génie du cinéma parlant ; c’est une œuvre majeure et impérissable qui influencera bon nombre de cinéastes après lui ; un film qui étonne autant qu’il questionne… à (re)découvrir absolument.

Benshi.fr

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