Histoire du Cinéma d’animation

Je vous propose  de revenir sur l’histoire de cette forme de cinéma singulière suivant une frise proposée par le site UPOPI (Textes : Simon Gilardi, Denis Walgenwitz. Réalisation : Ciclic en partenariat avec le Conseil général d’Eure-et-Loir, 2014.) .

Aujourd’hui:

ORDINATEUR / JAPON

En 1982 Disney produit Tron, échec commercial qui marque néanmoins les débuts de l’utilisation grand public de l’image de synthèse, c’est-à-dire générée par ordinateur. En 1995, le succès de Toy Story, réalisé entièrement sur ordinateur, sonne le glas, dans l’industrie américaine, du dessin traditionnel.

Les années 1980 sont marquées par l’exportation des séries de dessins animés japonais dans le monde entier. On ne connait alors que la partie émergée de l’iceberg, produite à l’économie. Mais la qualité et la diversité de l’animation japonaise est reconnue dans les années 1990, grâce aux sorties des longs métrages de Isao Takahata et Hayao Miyazaki, jusqu’à la consécration de ce dernier à Berlin, où il remporte l’ours d’or pour Le Voyage de Chihiro en 2002.

1983 – Time-lapse

Time-lapse signifie « intervalle de temps ». Il s’agit de photographier un phénomène selon un intervalle de temps régulier. Toutes les photos mises bout à bout et projetées à la vitesse habituelle (24 ou 25 images par seconde) montrent ce phénomène en accéléré.
Méliès découvre cet usage particulier de l’image par image dans Carrefour de l’opéra (1897). Puis le time-lapse est  utilisé à des fins scientifiques par Jean Comandon pour observer, par exemple, la croissance des plantes.
La technique est naturellement utilisée pour les effets spéciaux en prise de vues réelles. Le film Koyaanisqatsi la popularise avant que les appareils photos numériques ne permettent à tout un chacun de se l’approprier, ce dont une rapide recherche dans Youtube peut témoigner.
La réalisatrice Momoko Seto a tout récemment réalisé deux (science-)fictions au time-lapse : Planet A et Planet Z.

Koyaanisqatsi, Godfrey Reggio, 1983, édité en vidéo par Koba Films

1988′  Animé

En 1988 sortent au Japon Akira de Katsuhiro Otomo, Le Tombeau des lucioles d’Isao Takahata et Mon voisin Totoro de Hayao Miyazaki. Ces trois longs métrages reflètent la richesse créative de l’animation japonaise (ou anime), qui va bien au-delà de la série destinée aux enfants : une adaptation d’un manga de science-fiction apocalyptique, une tragédie sur fond de seconde guerre mondiale, un conte rural écologique.

Ces thèmes (et d’autres) sont abordés dans les nombreux longs métrages qui s’exportent (parfois longtemps après leur sortie japonaise) au tournant des années 1990 et 2000, réalisés par Rintaro, Satoshi Kon, Mamoru Oshii…

SU.Mononoke

Princesse Mononoké, 2000, Hayao Miyazaki © Le Studio Ghibli

1989 – Pâte à modeler

À peine quelques années après l’invention du cinéma certains réalisateurs animent la pâte à modeler. En dehors de son utilisation pour les effets spéciaux (Willis O’Brien, Ray Harryhausen), la technique est peu visible (Oskar Fischinger réalise Wax Experiments dans les années 1920), avant d’être popularisée aux États-Unis par Art Clockey avec son personnage Gumby (créé en 1955, il a traversé les années et fait l’objet d’un long métrage en 1995).
La pâte à modeler, plus tard utilisée par Will Vinton (Closed Mondays, 1974) et Garri Bardine, connait un succès plus large et durable grâce aux Anglais du studio Aardman, créateurs de la série Wallace & Gromit en 1989. L’Australien Adam Elliott réalise de son côté des films tragicomiques comme l’oscarisé Harvie Krumpet (2003).

Wallace et Gromit : Une Grande Excursion, Nick Park, 1989, édité par M6 Vidéo

1995 – Images de synthèse

L’ordinateur est utilisé dès les années 1970 par des animateurs comme Peter Foldès (Metadata en 1971 ; La Faim en 1974, dont les métamorphoses sont programmées par ordinateur), John Whitney (Arabesque, 1975) ou John Halas (Dilemma, 1981).
L’animation par ordinateur est investie par l’industrie du dessin animé après les succès du court métrage Luxo Jr. (1986) puis du long Toy Story, réalisés au studio Pixar.
Dans la foulée, l’image de synthèse devient la norme des longs métrages d’animation aux États-Unis et les progrès techniques sont tels qu’on peine parfois à faire la distinction entre vues réelles et images animées.

Toy Story, John Lasseter, 1995, édité en vidéo par Walt Disney / Pixar

1998 – France

En 1998, le succès de Kirikou et la sorcière montre que l’animation traditionnelle a encore sa place. Suivi par celui des Triplettes de Belleville de Sylvain Chomet (2003) et de Persepolis (2007) de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud, adressés à un public plus âgé, il révèle aussi la qualité de l’animation française et favorise une production plus régulière que les succès isolés des années 1970-80 (La Planète sauvage de R. Laloux, Le Roi et l’oiseau de P. Grimault, Gwen, le livre de sable de J.F. Laguionie).
Si elle s’exporte moins que les films japonais ou américains, l’animation française est reconnue à l’international grâce notamment à des écoles (Gobelins, Poudrière), des studios indépendants (La Fabrique, Folimage) et des aides des l’État qui favorisent l’émergence de nombreux talents, en particulier dans le court métrage et les séries.

Kirikou et la sorcière, Michel Ocelot, 1998, édité en vidéo par France Télévision

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *