École et Cinéma – Maternelles

École et cinéma – Maternelle se veut un dispositif national inscrit dans le temps scolaire. Il est donc fondamental de voir comment celui-ci peut s’inscrire dans les programmes officiels de l’Éducation Nationale. Les enfants de cinéma proposent une première approche des liens à tisser entre les séances de cinéma et les programmes de la Maternelle.
Une école qui organise des modalités spécifiques d’apprentissage « L’enseignant favorise les interactions entre enfants et crée les conditions d’une attention partagée,
la prise en compte du point de vue de l’autre en visant l’interaction dans une communauté d’apprentissage. »
Apprendre en réfléchissant et en résolvant des problèmes
Pour provoquer la réflexion des enfants, l’enseignant les met face à des problèmes à leur portée.
Quels que soient le domaine d’apprentissage et le moment de vie de classe, il cible des situations, pose des questions ouvertes pour lesquelles les enfants n’ont pas alors de réponse directement possible. Mentalement, ils recoupent des situations, font appel à leurs connaissances, ils font l’inventaire de possibles, ils sélectionnent. Ils tâtonnent et font des essais de réponse. L’enseignant est attentif aux cheminements qui se manifestent par le langage ou en action ; il valorise les essais et suscite des discussions. Ces activités cognitives de haut niveau sont fondamentales pour donner aux
enfants l’envie d’apprendre et les rendre autonomes intellectuellement.
Apprendre en se remémorant et en mémorisant. Les opérations mentales de mémorisation chez les jeunes enfants ne sont pas volontaires. Chez les
plus jeunes, elles dépendent de l’aspect émotionnel des situations et du vécu d’événements répétitifs qu’un adulte a nommés et commentés. Ces enfants s’appuient fortement sur ce qu’ils perçoivent visuellement pour maintenir des informations en mémoire temporaire, alors qu’à partir de cinq-six ans c’est le langage qui leur a été adressé qui leur permet de comprendre et de retenir.
L’enseignant stabilise les informations, s’attache à ce qu’elles soient claires pour permettre aux enfants de se les remémorer. Il organise des retours réguliers sur les découvertes et acquisitions antérieures pour s’assurer de leur stabilisation, et ceci dans tous les domaines. Engager la classe dans l’activité est l’occasion d’un rappel de  connaissances antérieures sur lesquelles s’appuyer, de mises en relations avec des situations différentes déjà rencontrées ou de problèmes similaires posés au groupe. L’enseignant valorise la restitution, l’évocation de ce qui a été mémorisé ; il aide les
enfants à prendre conscience qu’apprendre à l’école, c’est remobiliser en permanence les acquis antérieurs pour aller plus loin.
Une école où les enfants vont apprendre ensemble et vivre ensemble
L’école maternelle structure les apprentissages autour d’un enjeu de formation central pour les enfants : « Apprendre ensemble et vivre ensemble ». La classe et le groupe constituent une communauté d’apprentissage qui établit les bases de la construction d’une citoyenneté respectueuse des règles de la laïcité et ouverte sur la pluralité des cultures dans le monde. C’est dans ce cadre que l’enfant est appelé à devenir élève, de manière très progressive sur l’ensemble du cycle.
Se construire comme personne singulière au sein d’un groupe
Se construire comme personne singulière, c’est découvrir le rôle du groupe dans ses propres cheminements, participer à la réalisation de projets communs, apprendre à coopérer. Par sa participation, l’enfant acquiert le goût des activités collectives, prend du plaisir à échanger et à confronter son point de vue à celui des autres. Il apprend les règles de la communication et de l’échange. L’enseignant a le souci de guider la réflexion collective pour que chacun puisse élargir sa propre manière de voir ou de penser. Ainsi, l’enfant trouve sa place dans le groupe, se fait reconnaître comme une personne à part entière et éprouve le rôle des autres dans la construction des apprentissages.
Au fil du cycle, l’enseignant développe la capacité des enfants à identifier, exprimer verbalement leurs émotions et leurs sentiments. Il est attentif à ce que tous puissent développer leur estime de soi, s’entraider et partager avec les autres.
Mobiliser le langage dans toutes ses dimensions
Oser entrer en communication
L’objectif est de permettre à chacun de pouvoir dire, exprimer un avis ou un besoin, questionner, annoncer une nouvelle. L’enfant apprend ainsi à entrer en communication avec autrui et à faire des efforts pour que les autres comprennent ce qu’il veut dire. Autour de quatre ans, les enfants découvrent que les personnes, dont eux-mêmes, pensent et ressentent, et chacun différemment de l’autre. Ils commencent donc à agir volontairement sur autrui par le langage et à se représenter l’effet qu’une parole peut provoquer : ils peuvent alors comprendre qu’il faut expliquer et réexpliquer pour qu’un interlocuteur comprenne, et l’école doit les guider dans cette découverte. Ils commencent à poser de vraies questions, à saisir les plaisanteries et à en faire. Leurs progrès
s’accompagnent d’un accroissement du vocabulaire et d’une organisation de plus en plus complexe des phrases. En fin d’école maternelle, l’enseignant peut donc avoir avec les enfants des conversations proches de celles qu’il a avec les adultes.
Comprendre et apprendre
Les élèves sont incités à s’intéresser progressivement à ce qu’ils ignoraient, grâce à l’apport de nouvelles notions, de nouveaux objets culturels et même de nouvelles manières d’apprendre. Les moments de réception où les enfants travaillent mentalement sans parler sont des activités langagières à part entière que l’enseignant doit rechercher et encourager, parce qu’elles permettent de construire des outils cognitifs : reconnaître, rapprocher, catégoriser, contraster, se construire des images mentales à partir d’histoires fictives, relier des événements entendus et/ou vus dans des narrations ou des  explications, dans des moments d’apprentissages structurés, traiter des mots renvoyant à l’espace, au temps, etc.
Échanger et réfléchir avec les autres
Les moments de langage à plusieurs sont nombreux à l’école maternelle : résolution de problèmes, prises de décisions collectives, compréhension d’histoires entendues, etc. Il y a alors argumentation, explication, questions, intérêt pour ce que les autres croient, pensent et savent. L’enseignant commente alors l’activité qui se déroule pour en faire ressortir l’importance et la finalité. L’école demande régulièrement aux élèves d’évoquer, c’est-à-dire de parler de ce qui n’est pas présent (récits d’expériences passées, projets de classe…). Ces situations d’évocation entraînent les élèves à mobiliser le langage pour se faire comprendre sans autre appui, elles leur offrent un moyen de s’entraîner à s’exprimer de manière de plus en plus explicite.

Ce qui est attendu des enfants en fin d’école maternelle
– Communiquer avec les adultes et avec les autres enfants par le langage, en se faisant comprendre.
– S’exprimer dans un langage syntaxiquement correct et précis. Reformuler pour se faire mieux
comprendre.
– Pratiquer divers usages du langage oral : raconter, décrire, évoquer, expliquer, questionner,
proposer des solutions, discuter un point de vue.
Agir, s’exprimer, comprendre à travers les activités artistiques
Ce domaine d’apprentissage se réfère aux arts du visuel (peinture, sculpture, dessin, photographie, cinéma, bande dessinée, arts graphiques, arts numériques), aux arts du son et aux arts du spectacle vivant.
L’école maternelle joue un rôle décisif pour l’accès de tous les enfants à ces univers artistiques ; elle constitue la première étape du parcours d’éducation artistique et culturelle que chacun accomplit durant ses scolarités primaire et secondaire et qui vise l’acquisition d’une culture artistique personnelle, fondée sur des repères communs.
Objectifs visés et éléments de progressivité

Découvrir différentes formes d’expression artistiques
Des rencontres avec différentes formes d’expression artistique sont organisées régulièrement ; dans la classe, les enfants sont confrontés à des œuvres sous forme de reproductions, d’enregistrements, de films ou de captations vidéo. La familiarisation avec une dizaine d’œuvres de différentes époques dans différents champs artistiques sur l’ensemble du cycle des apprentissages premiers permet aux enfants de commencer à construire des connaissances qui seront stabilisées ensuite pour constituer progressivement une culture artistique de référence. Autant que possible, les enfants sont initiés à la fréquentation d’espaces d’expositions, de salles de cinéma et de spectacles vivants afin qu’ils en comprennent la fonction artistique et sociale et découvrent le plaisir d’être spectateur.
Vivre et exprimer des émotions, formuler des choix
Les enfants apprennent à mettre des mots sur leurs émotions, leurs sentiments, leurs impressions, et peu à peu, à exprimer leurs intentions et évoquer leurs réalisations comme celles des autres. L’enseignant les incite à être précis pour comparer, différencier leurs points de vue et ceux des autres, émettre des questionnements ; il les invite à expliciter leurs choix, à formuler ce à quoi ils pensent et à justifier ce qui présente à leurs yeux un intérêt.
Les productions plastiques et visuelles
Observer, comprendre et transformer des images
Les enfants apprennent peu à peu à caractériser les différentes images, fixes ou animées, et leurs fonctions, et à distinguer le réel de sa représentation, afin d’avoir à terme un regard critique sur la multitude d’images auxquelles ils sont confrontés depuis leur plus jeune âge. L’observation des œuvres, reproduites ou originales, se mène en relation avec la pratique régulière de productions plastiques et d’échanges.

Par Bérengère Delbos, conseillère pédagogique départementale arts visuels