Les oubliés du cinéma burlesque

 
Le 9 avril dernier, j’avais rappelé à la mémoire de beaucoup que les premiers comiques du cinéma muet furent français ! Max Linder, est certainement le plus connu, si l’on passe sous silence les anonymes qui jouèrent les petites scénettes de frères Lumières telle la fort connue  « Arroseur arrosé » mais bien d’autres encore…
Mais je voudrais aujourd’hui permettre de réparer encore une injustice en vous proposant de découvrir trois grands de ce cinéma du début du siècle dernier qui ont rivalisé d’ingéniosité pour se faire une place dans le monde du cinéma, chacun, à la manière de Chaplin, Keaton et LLoyd, en incarnant à l’écran des personnages singuliers avec leurs caractéristiques propres et innovantes: Fatty, Chaley Chases et  Harry Langdon. Soyez curieux, étonnez vous et venez (Re)dévouvrir ces monuments injustement oubliés…

Découvrir Fatty : Cliquez ici

D’une forte corpulence, le jeune Roscoe Arbuckle se voit affublé du surnom de Fatty (le gros). Après des débuts précoces dans le théâtre forain, il intègre en 1913 la compagnie Keystone et devient une vedette très populaire. Ses proportions hors norme, sa bouille de bébé et son agilité invitent au burlesque et servent parfaitement l’univers de Mack Sennett, puéril et abrupt. Arbuckle passe rapidement derrière la caméra tout en restant acteur, comme beaucoup de cinéastes burlesques. Fatty boucher, le premier film qu’il réalise pour la Comique Film Corporation, illustre son aptitude à partir dans toutes les directions ouvertes par l’improvisation, très pratiquée sur les tournages comiques de l’époque. Buster Keaton y fait sa première apparition à l’écran : il apprendra beaucoup d’Arbuckle. Ce dernier, Keaton et Al St. John formeront le trio infernal de la série des Fatty. En 1921, Arbuckle fait l’objet d’un procès à scandale : malgré son acquittement, sa carrière ne s’en remettra pas.

Découvrir Charley Chase : Cliquez ici

En 1924, l’acteur-réalisateur Charley Chase commence une nouvelle carrière d’interprète comique en collaborant avec Leo McCarey, futur auteur des meilleurs films avec Laurel et Hardy, et de La Soupe au canard avec les Marx Brothers. Dans le sillage de Max Linder, McCarey et Chase posent les bases de la comédie classique (dont McCarey deviendra l’un des maîtres, avec Ernst Lubitsch) en faisant glisser le burlesque vers un vaudeville très raffiné. Chase campe un personnage de gentleman à l’air à la fois malicieux et éberlué, sans cesse pris dans des jeux de dupe et de cache-cache amoureux. S’appuyant sur une parfaite maîtrise du cadre et du hors-champ, ce burlesque de situation se niche dans les apparences, toujours trompeuses, comme dans À visage découvert (Mighty Like a Moose, 1926) où un mari et sa femme, après avoir chacun de son côté eu recours à la chirurgie esthétique, ne se reconnaissent pas et croient être infidèles en (re)tombant amoureux l’un de l’autre.

Découvrir Harry Langdon : Cliquez ici

L’image de Harry Langdon, dans la scène finale de Plein les bottes, assis dans un berceau déguisé en bébé résume bien son personnage. De tous les acteurs burlesques, Langdon est sans doute celui qui incarne le plus la figure de l’homme-enfant, qui traverse le genre. Face à son corps frêle, son air ahuri et son sourire gêné de petit garçon, il est difficile de l’imaginer se remettre du moindre choc. Sa puissance comique vient de l’étonnement produit par sa résistance aux épreuves alors que tout chez lui semble appeler la soumission et l’échec (contrairement à Keaton, toujours vaillant face aux intempéries). Le visage de clown triste de Langdon devient célèbre en 1924, lorsque l’artiste de music-hall, déjà âgé de quarante ans, croise le chemin de Mack Sennett. Sa courte carrière cinématographique sera marquée par sa collaboration avec un futur grand nom du cinéma, Frank Capra.

Textes : Amélie Dubois, critique de cinéma pour Ciclic, 2017.

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