1er long métrage social

Le mouvement naturaliste s’était exprimé en littérature de manière incontestable avec les œuvres d’Emile Zola à la fin du XIXème siècle.

Il n’est donc pas étonnant que ce mouvement ait influencé le 7ème art dès ses années de jeunesse. Et l’on peut considérer qu’un des premiers longs métrages réalisés en France (si ce ne fut le premier) fut l’adaptation du 7ème volume de la série « Les Rougon-Macquart », j’ai nommé « L’assommoir ». Résolu, à l’instar de l’écrivain, à donner à voir les classer laborieuses face à leur quotidien, Albert Capellani réalise un film social qui, pour paraphraser Emile Zola, a « l’odeur du peuple ». « L’assommoir », comme chacun le sait, c’était un bar, et c’est donc dans ce débit de boisson que se déroule la majeure partie des scènes du film. Mais c’est aussi le surnom donné à l’alambic qui produit un mauvais alcool, alcool dont les ravages associés à la misère sont illustrés de manière pas seulement réaliste, mais en s’appuyant sur un travail minutieux de documentation ; car, en effet, rien (ou presque) ne nous est épargné pour nous faire vivre la déchéance de la blanchisseuse et laborieuse Gervaise qui finira par mourir de faim.

 » L’Assommoir, fut tourné pendant l’hiver 1908 et fait figure d’exception à sa sortie. Le film mesure 750 mètres quand le métrage moyen des films oscille entre 100 et 350 mètres. On suppose la confiance que ses producteurs accordaient à Albert Capellani pour se lancer dans une telle aventure. Le succès fut énorme et le but atteint : en adaptant, non pas le roman de Zola, mais la pièce à succès de William Busnach et Oscar Gastineau, la SCAGL visait un public de boulevard que Capellani connaissait bien pour avoir œuvré dans différents théâtres, notamment à l’Ambigu, dont le public était précisément celui des Grands Boulevards. Cette volonté de se calquer sur la dramaturgie théâtrale fut d’ailleurs soulignée par la presse : « La faveur du public est allée à des adaptations qui lui procuraient (enfin !) les émotions, le rire et les larmes qu’on ne trouvait jusque-là qu’au théâtre. Le cinéma est devenu ainsi, et d’emblée, le véritable théâtre du peuple, accessible à tout heure, dans tous endroits et à toutes les bourses. » (Ciné-Journal, n° 56, 13-19 septembre 1909)

« Capellani partageait avec Raoul Walsh le sens du grouillement de la vie à l’écran. Regardez justement L’Assommoir et Régénération. Je pense à cette belle citation de Lu Xun dans sa préface à la première édition des Herbes sauvages, que la poésie, l’art, naissent dans le caniveau. Grouillement de la vie, mouvement des foules qui envahissent le cadre, plein comme déjà peut-être chez DeMille. » (Pierre Rissient) « 

La cinémathèque.fr

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