Benni

Benni a neuf ans. Négligée par sa mère, elle est enfermée depuis sa petite enfance dans une violence qu’elle n’arrive plus à contenir. Prise en charge par les services sociaux, elle n’aspire pourtant qu’à être protégée et retrouver l’amour maternel qui lui manque tant. Pour aggraver le tout, Benni déteste l’école où, stigmatisée et paniquée, elle se déchaîne sur les autres élèves. De foyer en foyer, son assistante sociale et Micha, un éducateur, tenteront tout pour calmer ses blessures et l’aider à trouver une place dans le monde. Que faire de cette enfant inadaptée aux normes du système éducatif ?

Le cinéma allemand nous réserve bien des surprises depuis quelques temps… en voici une que vous n’êtes pas près d’oublier, un choc cinématographique, un vrai personnage de cinéma, petite bouille blonde d’ange attachante et attendrissante et colère de démon irritante et inquiétante. En elle se mêle tout à la fois, et l’on ne sait jamais sur quel pied danser. Enfermé dans un cercle qui la pousse tantôt à rire, se moquer, chanter, crier, bousculer, danser (plutôt se trémousser), Benni fait « le pitre », mais manque cruellement de de savoir s’arrêter…   

Initialement « systemsprenger » titre original de ce qui s’appelle Benni chez nousc’est littéralement designe « une faille du système, une anomalie qui perturbe un ordre établi, pensé comme paisible. Un systemsprenger, c’est ce qu’est malgré elle Bernadette, dite Benni: délaissée par sa mère et atteinte de sévères troubles du comportement, cette jeune fille de 9 ans vit dans un cocon où ses interactions (ou lorsqu’elle est le sujet d’une conversation) ressemblent malheureusement à des scènes de boxe. »

Benni, jouée par Helena Zenge, crève l’écran par sa complexité mais aussi sa recherche de candeur infantile, nécessaire et vitale, dans le monde qui ne lui fait pas de cadeaux et qui va vite, sans apparemment tenir compte d’elle. A ce jeu la grande petite actrice est parfaite, tout simplement, « A star is born » …. On ne peut pas lui résister. Elle forme un tandem remarquable avec Micha (Albrecht Schuch) nouvel éducateur de vie scolaire qui va faire bouleverser ce qui semblait définitivement inchangeable. Avec lui elle va reprendre souffle et oxygène … et nous aussi. Toujours aussi provocatrice, la petite fille qu’elle est va peu à peu se redonner espoir ; elle qui semblait imperméable à toute forme de relation sereine et apaisée va découvrir la complicité. Enfin ! 

Benni est un film en tout point exceptionnel. Deuxième film de la réalisatrice Nora Fingscheidt, Benni, il a, comme tous les films de « débutant », certainement manqué de moyens…mais jamais cela ne transparaît à l’écran ; on a vraiment peine du moins à l’e concevoir tant l’image est lumineuse, maîtrisée, tant le récit rythmé est sculpté tout en finesse, finement ciselé, et tellement vrai, réussissant le pari de ne pas sombrer dans le jugement, avec tout ce qu’il faut d’humanité.

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